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Commentaire : « En essayant de ralentir la fast fashion, les régulateurs devraient se concentrer sur la surproduction »

Jul 18, 2023

Une femme travaille sur des survêtements inspirés de la série Netflix Squid Game dans une usine de vêtements à Séoul, Corée du Sud, le 21 octobre 2021.REUTERS/Kim Hong-Ji acquièrent des droits de licence

14 août - Lorsque d'autres entreprises de mode se plaignent de Shein, c'est généralement parce que son modèle de mode ultra-rapide sature le marché de l'habillement et parce qu'il attire l'attention sur des pratiques qui autrement seraient cachées aux personnes extérieures à l'industrie.

En effet, Shein n'est que la manifestation la plus évidente d'une philosophie dominante qui se soucie peu de la durabilité, des conditions de travail des travailleurs ou de la qualité, et qui se concentre sur l'optimisation des profits, comme nous l'avons constaté au Hot or Cool Institute dans le rapport Unfit, Unfair, Démode : redimensionner la mode pour un espace de consommation équitable.

Même des estimations prudentes placent la mode parmi les principaux pollueurs mondiaux, avec une part des gaz à effet de serre qui varie de 4,8 % selon le Global Fashion Agenda jusqu'à environ 10 % selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement. Changer la façon dont les vêtements sont produits et consommés est essentiel pour atteindre les objectifs climatiques internationaux. Notre analyse montre que les émissions du secteur de la mode devraient diminuer de 50 à 60 % au cours des sept prochaines années pour rester en dessous d’un réchauffement accru de 1,5 degré.

Loin de prendre une pause pour corriger le tir, l'industrie de la mode reste sur la bonne voie pour doubler ses émissions d'ici 10 ans, pour atteindre environ 2,7 milliards de tonnes d'équivalent CO2 en 2030. Les tendances montrent une augmentation des volumes de production et des cycles de mode par an, plus des tissus artificiels complexes et difficiles à recycler, des ventes plus réduites, une durée d'utilisation plus courte par vêtement et une tendance à détruire les articles invendus ou à expédier les vêtements d'occasion dans les décharges des pays du Sud.

Les décideurs politiques, notamment au sein de l’Union européenne et aux États-Unis, en ont pris note et préparent une législation visant à étendre la responsabilité des marques de mode pour couvrir les impacts tout au long des cycles de vie et des chaînes d’approvisionnement de leurs produits. Il s'agit d'une approche connue sous le nom de responsabilité élargie des producteurs, ou REP.

Mais les enseignements tirés de l’application de la REP dans d’autres secteurs, tels que la gestion des déchets électroniques et les emballages, montrent que des politiques mal définies peuvent simplement déplacer le fardeau des pays riches vers les pays à faible revenu. Les propriétaires de marques ont également trouvé des moyens de transférer la responsabilité sur les consommateurs, en pratiquant le greenwashing tout en augmentant les profits des actionnaires.

Une femme porte un sac à provisions. Changer la façon dont les vêtements sont produits et consommés est essentiel pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. REUTERS/Leonhard Foeger acquiert des droits de licence

Conçue correctement, la REP pourrait atteindre quatre objectifs essentiels qui ramèneraient la mode dans les limites écologiques et résoudraient les tensions sociales qui en découlent. Premièrement, améliorer le recyclage des vêtements et la gestion des déchets. Deuxièmement, assurez-vous que les marques de mode paient les coûts des dommages environnementaux et de la gestion des déchets résultant des opérations tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement. Et troisièmement, modifier la conception des vêtements et la stratégie commerciale pour garantir que les opérations et les produits soient moins nocifs et puissent être facilement assimilés par la nature ou recyclés après utilisation.

Le quatrième n’est pas moins important : garantir des pratiques équitables et justes dans l’ensemble de l’industrie, en particulier envers les partenaires des pays à faible revenu, où les citoyens subissent le double coup dur des mauvaises conditions de fabrication et des impacts négatifs de la pollution environnementale.

L’industrie de la mode a tendance à se concentrer principalement sur le premier objectif de la gestion des déchets et l’a pratiquement réduit au recyclage. L’attrait de cette solution réside dans le fait qu’au lieu de changer de stratégie de base, le statu quo peut continuer avec seulement des ajustements marginaux, en intégrant la technologie pour gérer les déchets post-consommation et les vêtements invendus.

Une politique de REP efficace serait conçue pour garantir que les trois autres objectifs soient également atteints.

Dans les pays du G20, 84 % des émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation de mode surviennent dans la production en amont, de la culture des fibres à la confection et à la finition des vêtements. Bien que les déchets textiles représentent l'une des principales composantes des déchets municipaux, les dirigeants de l'industrie ont hésité aux suggestions visant à réduire la surproduction de vêtements ou à apporter des changements aux processus qui affectent la conception des articles.